Sunday, July 02, 2006

Deuxième jour: la visite

Fin de journée et première visite officielle. Il nous faut aller saluer Abu Farag, le président de la fédération palestinienne de lutte. Nous sommes obligés d'aller à lui car il ne peut se déplacer. Il est membre d'une des familles mêlées à la grande rixe de la veille. Par respect pour la famille d'une des victimes il est cantonné chez lui pour au moins trois jours.
Nous nous rendons chez lui à pied, en taxi se serait trop compliqué. C'est l'une des conséquences de l'occupation israélienne de la ville. Cette dernière est partitionnée et pour se rendre à certains endroits il vaut mieux marcher que prendre le taxi.

Abu Amin nous sert de guide. Après quelques minutes de marche dans la rue, nous grimpons les colines pour gagner les hauts de Hébron. Le soleil se couche au dessus de la ville et c'est beau. Arriver en haut, en contrebas bas nous croisons deux jeunes filles qui semblent être des colons et qui jettent à Eric des regards de feu peu amicaux. Nous intriguons aussi les palestiniens. En fait beaucoup de gens se demandent de quel côté nous sommes. A chaque croisement et c'est tous les jours ainsi, on nous épie ou encore des enfants nous pose cette inlassable question: "what's your name?". Parfois, on nous lache des Shalom pour nous tester.

Nous sommes enfin chez Abu Farag. C'est un notable et sa maison le montre; il n'est pas un des premiers personnages de la ville mais il a fait son chemin. L'intérieur est cossu: de lourds canapés en cuir confortables, au sol sont étalés des peaux de bête.
On nous sert à chacun une une assiette de fruits bien garnie: pomme, raisins, prune et pècches. C'est je crois une manière de recevoir ici. C'est raffraichissant. Déjà l'an dernier j'étais surpris par la générosité des plats servis quand nous étions invités. En Palestine, je ne m'attendais pas à autant manger.
Après les saluations officielles via Djamil, notre interprète, Hervé et Eric expose la situation, les problèmes qui se posent avec le club de jenine. Ils rappellent que l'esprit du projet est d'abord de faire profiter les enfants de lutte. Et de former les meilleurs entraîneurs. Les jeux de pouvoir de Jenine empêche toute avancée. Si on en reste là seuls le deux entraineurs les moins compétents seront présent au stage.
Pendant que tout ce monde discute de choses sérieuses je m'eclipse, en demandant discrètement, pour aller aux toilettes. Le fils de notre hôte m'y conduit en prenant garde sur le chemin de fermer la porte de la cuisine pour m'éviter de croiser une femme de la maison.

Abu Farag écoute les requêtes d'Eric et d'Hervé. Il essaiera de faire au mieux et de parler aux responsables de jenine. On nous sert le café arabe à la cadarmone. C'est le signe qu'ensuite nous pourrons partir. Néanmoins Abu Farag nous invite à rester dîner. Nous lui expliquons que nous avons d'autres obligations, que le France joue ce soir et que nous reviendrons un autre soir dans la semaine. Djamil nous dira plus tard le sens de ses paroles. Il peut arriver, ici, que l'on propose une invitation en sachant qu'elle sera déclinée. C'est une question de forme, de politesse.

La nuit est tombée quand nous repartons. La route qui nous avait paru longue à allée semble s'être raccourcie.


Patrouille

Nous arrivons aux portes du club quand nous comprenons que la situation est inhabituelle. Les gens, les jeunes surtout sont agités dans la rue. Nous avons très vite l'explication. Une jeep de patrouille israélienne est dans le quartier, que cherche-t-elle. Très vite elle s'engouffre dans l'allée du club, celle que nous devons prendre pour regagner notre logement. Derrière elle, les jeunes palestiniens ont rapidement refermé la lourde porte métallique. Une demi douzaine de jeunes accourent pierre à la main. Ca commence à être chaud, et nous sommes entre deux "feux" au milieu de la rue. Que faire? La voiture est toujours à l'intérieur et elle semble bloquée. Est-ce l'étincelle?... Nous sommes avec Abu Amin mais même lui semble avoir un moment de flottement. Finallement après une longue minute la jeep ressort et sans fonce dans la nuit. La tension retombe.


Brésil France


La France est en quart de finale et elle affronte le Brésil. Certains y voient la revanche de la finale de 1998, les supporters brésiliens surtout. Depuis le début de la compétition la Seleçao donnée comme favorite n'a guère impressionnée. Elle s'est même montrée poussive face au Ghana au match précédent. Mais les brésiliens sont là et il va falloir les affronter.
Eric et moi avons mis notre ensemble France. Nous sommes au diapason après qu'Eric m'a offert l'avant veille le bas la tenue.
Match chez fallah l'assistant d'Abu Amin. Il loge dans une petite chambre en rez de chaussée juste en face du club. Un grand lit double place, une télévision, une chicha, deux portraits d'Abu Amar (Yasser arafat), le confort est réduit au minimum. Mais la chambre se remplit vite pour le match et Fallah est un hôte sympathique qui prépare bien la chicha. La France n'a pas les faveurs du public palestinien. C'est pour le Brésil que bat leur coeur en témoigne les maillots de certains. A trois, Eric, Hervé et moi nous voulons y croire. Djamil soutient la France pour des raisons étranges: il ne souhaite pas voir encore une fois le favori en final, le Brésil.
Eric m'assure que c''est jouable, il fait parti de ceux qui n'ont pas trouvé les camarades de Ronaldo fulgurants sur ces quatre matchs. Et en effet à la deuxième mi temps sur un coup franc de Zidane, Henry ouvre le score. Il ne bougera plus jusqu'à la fin, les brésiliens incapables de trouver une solution face au bleus.
Dans la chambre c'est l'explosion, Eric, Hervé et moi nous nous suatons dessus. Les palestiniens pro Brésil, dépités, quittent la chambre. Encore deux matchs et...


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