Troisième jour: sur le tapis
Le stage commence vraiment et notre visite prend tout son sens. Eric est une véritable superstar ! Dans la rue ce sont des "EriK, EriK" criés par les gamins du quartier, heureux de son retour. Ils accourent à lui, s'agglutinent autour. Chacun veut le toucher, lui faire la bise. C'est légitime. Après quatre années, six voyages, il l'a mérité sa place dans ce quartier de durs. Au début, on l'a regardé avec méfiance ce petit français: lui, un lutteur? Il a fallu qu'il fasse voler un à un les plus grands, les lutteurs "confirmés" et enfin l'entraîneur. Ensuite le respect s'est installé. C'est bien sur le tapis qu'il reste le meilleur. Il n'y en a pas deux pour animer, motiver un groupe; jamais à court d'exercices, de jeux pour les gamins.
En ce troisième jour les rôles sont bien définis. Eric en entraîneur en chef, ensuite vient Abu Amin, son assistant Fallah, nos deux entraîneurs de Jenine (Khaled et Aimn), Djamil à la traduction et Hervé, après d'après discussions sur son statut, comme coordinateur.
Ils sont venus nombreux dans cette salle, on en compte près d'une cinquantaine. Je retrouve des têtes de l'an passé, preuve que la lutte s'installe dans le quartier.
Chocho est là. Choco c’est le surnom que j’ai donné à un des jeunes, l’an dernier, et qui s’appelle en fait Moshrab. Je ne sais pas trop pourquoi je l’ai affublé ainsi. Ce gamin est attachant malgré son handicap ou plutôt avec son handicap. Il a les jambes d’une raideur rare et j’ai toujours le sentiment qu’elles vont se briser à chaque pas. Mais comme les autres il est sur le tapis. Il lutte, fait les exercices même si parfois c’est dur et qu’il souffre de moments d’absences. Choco s’est l’une de nos mascottes dans les club. La lutte c’est une histoire de famille pour lui, quatre autres de ses frères viennent s’entraîner.
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